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LA BACONNIERE
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Petit dictionnaire de l'inégalité féminine
Alice Ceresa, Renato Weber
- La Baconnière
- 25 Avril 2025
- 9782889601660
Alice Ceresa détricote dans ce livre l'empreinte plus ou moins pregnante du
patriarcat. Sur la forme, elle argue que l'organisation banale d'un dictionnaire ressemble à
l'organisation banale de la vie quotidienne et que c'est une création plus proche de sa
sensibilité féminine qu'un roman.
Toutes les entrées de ce dictionnaire sont surprenantes parce qu'elles réfléchissent le
monde différemment. En voici un exemple. -
Pour le Tchèque Karel Capek qui la découvre en 1929, l'Espagne est une explosion de vie, de couleurs et de paysages fascinants. L'auteur assiste bien sûr aux étourdissants spectacles de flamenco et, témoin ébloui autant qu'horrifié, au terrible duel à mort de la corrida.
Mais il prend surtout le temps d'emprunter les chemins de traverse, d'admirer les dentelles délicates qui ornent la chevelure des Andalouses, l'exubérance des jardins cachés derrière les grilles des maisons, et de faire halte dans les auberges qui regorgent de vins et de musique.
L'Espagne de Capek, ce sont des fondations romaines enveloppées de catholicisme et parées d'un luxe mauresque. Une bigarrure qu'il souligne et qu'il salue: Séville n'est pas Madrid, Cadix n'est pas Barcelone et Barcelone ne ressemble en rien aux Asturies et pourtant, toutes ces Espagnes sont bien l'Espagne. Et si cette diversité, pensée à l'échelle de l'Europe, était la vraie richesse des peuples?
«Chaque différence, dans les choses ou dans les êtres, nous apporte un supplément de vie [...] Que ce qui nous sépare nous rassemble!»
Avec Karel Capek, aussi fin observateur que fin humoriste, on voyage sans hâte, en riant beaucoup. -
November, november : En route pour la lune, la terre en tête
Alexandre Chollier
- La Baconnière
- 10 Janvier 2025
- 9782889601592
Mission Apollo 17. Film photographique : NN. Date : décembre 1972.
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Après une enfance et une adolescence marquées par le fascisme et le nazisme, Lorenza Mazzetti s'exile à Londres. Elle finit rapidement son petit pécule, frappe à la porte de la Slade School of Fine Art et en gagne l'entrée au culot. Elle y vole le matériel nécessaire pour filmer une adaptation de La Métamorphose de Kafka (alors très peu connu) et attire l'attention des milieux artistiques. Audace, force et courage portent cette jeune fille traumatisée au faîte de la création anglaise.Lorenza Mazzetti participe à l'histoire du cinéma anglais aux côtés de Lindsay Anderson, Karel Reisz et Tony Richardson; ils lancent, en 1956, le Free Cinema, mouvement contestataire qui revendique une liberté de montage et de sujets. Cette expérience ouvrira la voie aux Angry Young Men.Carnet de Londres se présente sous la forme d'un journal qui traite avec sincérité et humour à la fois des détails tragi-comiques de sa vie et ses relations avec la première avant-garde européenne du cinéma.
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«Approchez, approchez, lecteurs et lectrices, n'ayez pas peur: venez découvrir le Panopticum d'Andreï Sobol!
Idéaliste, Andreï Sobol (1888-1926) n'a de cesse de chercher une cause juste, dans laquelle s'engager corps et âme. Une cause qui puisse l'arrimer dans cette Russie qui lui est chère. Mais de désillusion en désillusion, il n'y trouvera jamais sa place... Le Panopticum, écrit peu de temps avant que Sobol ne commence à sombrer, porte assurément l'empreinte de sa vie tumultueuse, charriant pêle-mêle, au travers de curieux personnages, les élans, les tourments et les espoirs brisés qui l'ont habité.» F. D.
Les panopticum russes du début du XXe siècle sont les héritiers des cabinets de curiosités, riches de tout ce qui fait la diversité vivante et fossile. L'un d'entre eux, perdu dans un village russe en proie à la guerre civile, sert de théâtre à ce court roman. Ses membres du personnel, dont une femme avec le coeur à droite, un homme avec la peau sur les os, un lilliputien et une femme de deux cents kilos, font face à l'arrivée fracassante d'une communauté d'anarchistes-égocentristes en fuite...
Traduit du russe par Fanchon Deligne -
Lorsque Jan van Toch, capitaine du navire hollandais Kandong Bandoeng, découvre, à l'ouest de Sumatra, au large de la petite île de Tana Masa, une espèce de salamandre douée d'une certaine forme d'intelligence et susceptible de l'aider dans l'exploitation des perles, il est loin d'imaginer que cette découverte sera à l'origine d'un bouleversement complet de l'ordre mondial. Et pourtant. Publié en 1936, lors de la montée du national-socialisme et du stalinisme, La Guerre des salamandres de Karel Capek brosse, avec un regard plein d'humour, une satire sans concession des individus et de la société. Mêlant la parodie au récit fantastique, ce roman se révèle être, sous une apparente légèreté de ton, extrêmement lucide et sombre. Parmi les thèmes abordés, il s'attaque au capitalisme, au nationalisme et au militarisme mais aussi à la science, au journalisme et même à l'industrie du cinéma ! Inventeur du mot " robot ", Karel Capek compte parmi les principaux précurseurs de la science-fiction et La Guerre des salamandres est un livre culte traduit dans de très nombreuses langues.
La Guerre des salamandres, plus célèbre livre de Capek, est une des excellentes et très actuelles anti-utopies du XXe siècle et certainement la plus drôle.
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«Tout le monde a souligné que le livre est très amusant, parce qu'il est en effet comique, les pensées de la petite fille sont vraiment drôles. Mais une phrase importante a été dite par le poète français Henri Michaux lorsqu'il l'a lu: «C'est un petit livre féroce»... C'est un livre féroce. Car dans l'innocence de cette enfant qui pense, qui parle, qui questionne, il y a toute la férocité d'une accusation qui n'est pas dite parce qu'elle n'est pas expliquée. C'est au lecteur de conclure ce qui s'est passé.» - Lorenza Mazzetti
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Le petit cheval tatar ne parle ni de chevaux, ni de Tatars, mais il regarde bien au fond de l'oeil, si profond qu'arrivent alors des histoires ophtalmologiques de l'Antiquité à nos jours, la déficience visuelle des peintres impressionnistes, la réticence de certains grands conquérants à se faire portraiturer munis de lunettes, la nécessité de déguster une fois au moins un oeil de mouton, l'évocation magique des dessins médicaux et la folie qui guette Drogo, dans Le Désert des Tartares, en haut de sa citadelle à trop attendre d'enfin voir quelque chose passer.
Et, à l'instar des opérations fines du chirurgien rétinien Daviel, comme en incisions dans le texte, apparaît l'homme à la veste rouge qui joue à cache-cache avec la narratrice. Ce texte nous emmène dans un voyage particulier autour du globe oculaire, comme Ella Maillart choisissait des chemins de traverse pour mieux phénoménaliser le monde. -
Parcourant les Pays-Bas durant l'entre-deux-guerres, Karel Capek se laisse prendre au charme de leur campagne pimpante, peuplée de vaches flegmatiques et jonchée de fleurs par milliers. Il dépeint les notables du cru, les polders et les maisons étroites aux larges fenêtres qui laissent entrer cette lumière qui inspira les maîtres anciens. En fin observateur, il s'attarde, avec son humour habituel, sur les détails, que ce soit pour en révéler la beauté ou le caractère absurde.
Mais ce voyage est aussi le cadre d'une réflexion plus profonde sur les méfaits du tourisme et l'état du monde. Il perçoit avec une acuité prophétique les signes des changements politiques de son temps et questionne la place des «petites nations» comme les Pays-Bas et la Tchécoslovaquie dans la politique internationale.
Les Tableaux hollandais s'inscrivent dans une série de récits de voyage, principalement publiés dans le journal Lidové noviny, réalisés dans l'Europe de l'entre-deux-guerres en Angleterre, en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Scandinavie et en Bohème. -
Livre de poche de nouvelles inédites de l'auteur du Brave soldat Švejk.
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Maroussia Tatarovitch, fille de bonne famille issue de la nomenklatura de Leningrad, habituée à une vie facile et fastueuse, décide d'émigrer sur un coup de tête. Elle se retrouve à New York sans travail, sans argent et sans perspectives. Courtisée par tous, c'est de Rafael, un Portoricain énergique et imprévisible dont elle tombe amoureuse.
Avec le récit de cette femme aussi vulnérable que culottée, Sergueï Dovlatov nous plonge au coeur de la petite communauté juive soviétique de New York qui règne sur Forest Hills, le long de la 108e rue. Peuplé par une galerie de personnages incorrigibles, ce roman raconte les vies joyeuses et chaotiques faites de débrouille et de partage, de ces marginaux issus de la troisième vague d'émigration partie d'URSS dans les années 1970. -
Du terme de « feuilleton », l'on retiendra la définition suivante : « oeuvre romanesque conçue pour paraître par fragments dans un journal ». Le Feuilleton en noir et blanc de Samuel Brussell s'inscrit de fait dans cette optique de fragmentation.
Se côtoient ainsi les souvenirs de discussions diverses, des réflexions littéraires, des remarques d'ordre matériel, politique, spirituel, de la vie de tous les jours au passage de la frontière, de Dovlatov à Stendhal sans oublier Ceronetti.
Les expériences partagées par Brussell visent à provoquer le songe de son lecteur ; sans lui forcer la main, l'auteur l'invite à la contemplation d'instants de richesse pour s'en nourrir à son tour. -
Pas seulement Brodsky : la culture russe en portraits et anecdotes
Sergueï Dovlatov, Marianna Volkova
- La Baconnière
- 25 Octobre 2024
- 9782889601554
Livre richement illustré par des magnifiques photographies en noir et blanc. Dovlatov avait imaginé ce livre sous ce format.
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À la question comment vivre, Kathleen Jamie répond par l'observation du visible et de l'invisible. Son recueil témoigne de l'intensité des souvenirs et des présences à ses côtés, que ce soit lors de la perte d'un être aimé ou de l'apparition soudaine d'une harde de cerfs... Elle s'adresse aux oiseaux et aux vents dans une langue claire et sensible.
Poétesse et essayiste écossaise, Kathleen Jamie a publié une dizaine de recueils de poèmes et gagné plus d'une quinzaine de prix, dont le prestigieux prix anglais, The Forward Book of Poetry. Deux de ses essais ont paru aux Éditions La Baconnière Tour d'horizon et Strates. Élue Makar en 2021, elle est l'actuelle ambassadrice de la poésie écossaise. -
Huit objets sortis de la valise de Dovlatov lors de son exil sont autant de prétextes à des récits autobiographiques:
- Les chaussettes finlandaises - Les chaussures du maire - Un costume croisé convenable - Le ceinturon d'officier - La veste de Fernand Léger - La chemise en popeline - La chapka - Les gants d'automobiliste Chacun de ces objets lui rappellera une histoire particulière de sa vie en URSS; des histoires qu'il racontera avec concision dans des textes haletants, drôles et au rythme nerveux.
La Valise a une composition particulière («cubique» dira le critique Elisseïev) qui lui donne un cadre très intime où affleurent plus que jamais nostalgie et tristesse face à l'absurde. Mais, comme toujours chez Dovlatov, c'est la dérision et l'ironie tendre qui l'emportent.
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Douze articles rédigés pour des journaux estoniens servent de prétextes à Dovaltov pour nous raconter les coulisses de ses reportages, et le bras de fer permanent auquel le journaliste doit se livrer face à la censure et aux directives que le Parti entend bien lui faire suivre. Douze «compromis» savoureux qui nous laissent entrevoir, derrière la façade idéologique mâtinée de mensonges, des histoires, des tranches de vie - absurdes, tendres, cruelles, drôles.
Avec son inégalable goût de la satire, Sergueï Dovlatov conte les tragi-comédies du quotidien. Ceux qui se laissent encore et malgré tout guider par l'amour de la littérature et de la vérité survivent comme ils peuvent face aux injonctions idéologiques. Certains ploient, d'autres se rebellent, la plupart s'abîment dans la vodka. -
Jeune, fauché et noceur, le narrateur décide de se ranger en devenant, un été, guide au Domaine Pouchkine à Pskov, laissant femme et enfant à Leningrad. Sa femme profite de son éloignement pour prépaper son imigration en Amérique avec leur fille.
Pressé de partir avec elles, le narrateur, malgré son désespoir, oppose un refus catégorique de s'éloigner de son pays et de sa langue qui, dit-il, fait quatre-vingt pour cent de sa personnalité.
Observateur hors pair du quotidien et conteur royal, Dovaltov narre, avec son ironie et son humour habituels, un été de travail au Domaine Pouchkine dans la Russie de Brejnev où la vodka coule à flot et les familles se déchirent face au choix radical de l'exil.
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Avec un désenchantement chirurgical et une ironie savamment dissimulée, Alice Ceresa dresse le portrait intimiste d'une famille ordinaire et aliénée, et décrit les rapports entre chaque composant - un père, une mère et deux soeurs -, le jeu de forces et de tensions qui les agrègent, dans le quotidien partagé au fil des années, de l'enfance à l'âge adulte. Proche de l'Agota Kristof du Grand Cahier, Bambine (Einaudi, 1990) est servi par une écriture limpide et féroce.
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L'impact de la science : promesses et périls
Bertrand Russell
- La Baconnière
- 15 Septembre 2023
- 9782889601226
La science, et la technologie qui en résulte, a bénéficié à partir du XXe siècle d'un pouvoir d'action sur le monde jusqu'alors inégalé, dont les impacts spectaculaires se sont avérés aussi bénéfiques que sinistres. Bertrand Russell s'interroge sur les conditions qui permettraient d'exploiter cette technologie dans nos sociétés en évitant que prévalent les dangers mortifères qui l'accompagnent.
Philosophe et mathématicien, Bertrand Russell prescrit dans cet essai constitué d'une série de conférences données en 1950, les mesures nécessaires pour assurer la viabilité de nos sociétés technologiques et parer aux menaces qu'il juge les plus dangereuses: la crise écologique induite par l'épuisement des ressources naturelles exploitées par l'industrie; la surpopulation; la concentration des pouvoirs aux mains d'une oligarchie contraignant le reste de la société à la misère; et, bien entendu, l'arme nucléaire.
Son propos grave, et pourtant empreint d'humour, mêle une profonde connaissance des sciences et de la philosophie, mais aussi de l'histoire et de la littérature. Accessible et volontiers provocant, ce texte reste indéniablement pertinent aujourd'hui. -
Albert Cohen et Génève
Marie-luce Desgrandchamps, Thierry Maurice, Yan Schubert, Bruno Racalbuto, Noemie Sakkal Miville
- La Baconnière
- 22 Novembre 2024
- 9782889601547
Guide illustré des lieux de vie à Genève d'Albert Cohen, proposant plusieurs parcours cartographiés. Cohen a vécu 50 ans à Genève, y a écrit la majeure partie de ses oeuvres (romans et récits autobiographiques), fait amplement référence à la ville de Calvin, à ses bâtiments et à ses rues. Ce livre-guide permettra de cheminer aux côtés de l'écrivain et de lire la ville en sa compagnie. L'ouvrage comporte une trentaine de notices consacrées à des lieux clefs, des citations en exergue, des illustrations (photographies d'époque, sources inédites), des cartes suggérant des parcours possibles dans l'espace urbain, ainsi qu'une large introduction organisée par thématiques (exil et déracinement, identité juive, organisations internationales, amour, maladie...).
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Au fil de la joie : Théâtre des marionnettes de Genève
Camille Bozonnet, Lucile Bodson, Julie Sermon, Didier Plassard, Mathieu Dochtermann
- La Baconnière
- 19 Novembre 2024
- 9782889601264
Ce beau-livre déplie à la fois la très riche iconographie du théâtre de marionnettes de Genève et replace son existence dans le contexte plus général des arts de la scène, en mettant en lumière sa spécificité historique d'être l'un des rares - et des plus anciens - théâtres européens entièrement dédié aux créations marionnettiques. Le livre repose sur huit chapitres qui reprennent les grandes thématiques d'un théâtre de marionnettes, sa place dans les arts de la scène et les arts vivants, son répertoire et l'évolution de ses techniques.
Parce que la partie la plus spectaculaire du théâtre ce sont ses marionnettes, le livre recèlera une frise centrale présentant plus de 150 marionnettes de la collection, depuis les débuts du TMG jusqu'à aujourd'hui. -
Ce livre rassemble deux textes autobiographiques du grand écrivain russe d'après-guerre. Le premier, Le Livre invisible, retrace ses aventures éditoriales dans la Russie communiste et son impossibilité d'y publier son premier livre ; le second, Le Journal invisible, fait état de la non moins impossible tentative de monter un journal russe à NewYork dans le monde capitaliste.
Dans le Livre invisible, il conte le règne de la bêtise des dernières décennies poststalienniennes, dans le Journal invisible, les déboires des immigrés russes dans la métropole américaine entre une poétique des marges à la Bukowski et la grande tradition auto-ironique russe. -
La mer déchaînée d'Achab : une histoire naturelle de Moby-Dick
Richard J. King
- La Baconnière
- 3 Novembre 2023
- 9782889601240
Cet essai offre une plongée inédite dans le bestiaire authentique de Moby Dick de Herman Melville, guidée par un fin connaisseur de son oeuvre et de nos océans. Cette perspective nouvelle replace Moby Dick dans une tradition de nature writing maritime.
En qualité de grand roman de la mer publié en 1851, Moby Dick est le reflet de toutes les connaissances maritimes de son époque. Rédigé sous forme de récit-essai, le texte de Richard King nous emmène dans un voyage chronologique qui étudie les sources scientifiques de Melville, ce qu'il a utilisé et ce qu'il a déformé pour servir sa fiction. Il y compare les visions du monde du capitaine Achab et du narrateur Ismaël à celles que nous avons de l'océan aujourd'hui et soutient qu'Ismaël révèle les inclinations de Melville à une forme d'écologie.
Servi par une écriture claire et espiègle, ce récit s'enrichit d'entretiens avec des scientifiques, des pêcheurs et des observateurs de baleines contemporains, offrant ainsi un aperçu de l'évolution de notre relation avec l'océan. -
Médecin de formation, philosophe et écrivain juif allemand vivant en retirance dans le Tessin à partir des années vingt, Max Picard (1888-1965) fut l'ami d'Emmanuel Levinas - qui lui emprunta sa notion de «visage humain» - et l'auteur prolifique d'ouvrages inspirés, à mi-chemin de la réflexion philosophique et de la contemplation poétique. Le Land de Bade-Wurtemberg lui attribue en 1952 le Prix Johann Peter Hebel pour l'ensemble de son oeuvre. Les éditions La Baconnière ont entrepris la réédition critique de cette oeuvre vouée à l'essentiel (Le monde du silence, 2019 ; Des cités détruites au monde inaltérable, 2022).
Livre-jalon de la «reconstruction spirituelle», publié dès 1946 dans une traduction militante de Jean Rousset à l'enseigne des Cahiers du Rhône, presque immédiatement traduit dans le monde entier, L'homme du néant - paru en allemand sous le titre de Hitler in uns selbst - s'offre comme une tentative de sonder la catastrophe européenne à partir d'une anthropologie et d'une herméneutique des bouleversements humains introduits dans le premier XXe siècle.
Réflexion sur la «banalité du mal», pour reprendre les mots d'Hannah Arendt, son propos progresse le long d'une ligne de crête, entre sévère lucidité des diagnostics posés - le mal est en nous, indissociable de ce «monde de la discontinuité» qui conditionne toutes les barbaries, d'hier comme d'aujourd'hui - et sentes esquissées pour espérer collectivement une rédemption.