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LES PEREGRINES
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Virginia Woolf est une icône dont on a reproduit le visage à l'infini, dont on a usé certaines formules jusqu'à la corde : des images et des mots décontextualisés qui font écran, dépolitisant son oeuvre. Pourtant, celle-ci dialogue avec notre temps.
En féministe, Adèle Cassigneul mêle les voix et les registres pour revisiter à l'oblique la figure de VW, mettre en valeur la pluralité de ses gestes (d'écrivaine, de journaliste, d'éditrice) et réfléchir à ses engagements politiques et littéraires, ainsi qu'à leurs limites. -
Brigitte Bardot est le nom de contradictions insolubles. Elle qui a incarné la libération des moeurs et signé la fin de l'érotisme vieille école au cinéma est aujourd'hui une figure de proue du conservatisme. Actrice populaire aspirant au succès critique, elle s'est refusée aux médias qui l'assaillaient, tout en jouant de son image et de sa beauté insolente.
Antoine de Baecque explore les multiples facettes d'une femme qui, dans sa manière provocatrice de tendre un miroir à la société, a furieusement ressemblé à un mythe.
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Dupe de rien, sûre de l'art et d'elle-même, « motivée par l'émotion de la vie », la peintre et dessinatrice Suzanne Valadon (1865-1938) a créé une oeuvre où la vérité du quotidien et des corps se manifeste avec audace et empathie. Autodidacte devenue une figure emblématique de Montmartre et de la modernité artistique, elle a inventé un langage visuel que cet ouvrage restitue au plus près de ses oeuvres, soulignant ses apports trop longtemps méconnus à l'histoire de l'art et des représentations.
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Agela Davis (née en 1944 en Alabama, épicentre de la ségrégation aux ÉtatsUnis) est une icône paradoxale : loin d'être figée dans la pureté militante ou dans l'esthétique politique qu'elle incarne, son image semble brûler d'avance les scripts d'idolâtrie dont elle fait l'objet.
Son examen minutieux et systématique des modes d'oppression (racisme, violences policières, sexisme, colonisation, guerres impérialistes, néolibéralisme, complexe carcéroindustriel) s'inscrit dans le temps long, celui de la mémoire des luttes, mais aussi dans le tracé contemporain de nouveaux chemins d'émancipation. Son oeuvre met en lumière la violence des dominants, obligeant la société américaine à regarder sa propre violence en face. -
Figure majeure du féminisme des années 1970, icône de l'écriture et de la pensée lesbiennes, Monique Wittig reste une énigme. Tenant à la fois de l'enquête, du récit et de l'étude, ce « brouillon pour une biographie » cherche à percer son mystère et à écrire sa « vie éternelle » - sa vie vécue et celle qu'elle continue d'avoir après sa mort. Nous n'en avons pas fini avec Wittig, cela ne fait que (re)commencer.
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Où surgit l'un des philosophes les plus casse-cou de l'histoire, un Nietzsche parcourant l'Europe tant par goût de la solitude que pour recouvrer la santé, un Nietzsche rocambolesque se débattant avec ses relations amicales, un Nietzsche carburant aux opiacés et à l'extrait de viande Liebig.
Christophe Fiat fait de l'auteur du Gai Savoir et d'Ainsi parlait Zarathoustra un ami à la fois proche et lointain, dont la pensée excite, éveille et alerte. -
Première femme à avoir étudié la philosophie à l'université de Gakushuin, musicienne expérimentale proche de John Cage et La Monte Young, une des premières artistes conceptuelles et performeuses, Yoko Ono (90 ans aujourd'hui) est pourtant souvent réduite, dans l'inconscient collectif et plus vivement encore dans l'esprit des fans des Beatles, à celle qui aurait séparé John Lennon de Paul McCartney.
Elle a eu l'art de dépasser les limites - imposées par ses origines japonaises et aristocratiques, son sexe, la doxa artistique, son âge... - avec énergie et détermination.
Des « instructions » à la musique pop en passant par les bed-ins avec Lennon, Camille Viéville fait surgir une Ono tour à tour musicienne, artiste, féministe, activiste, rockeuse, dont l'oeuvre a marqué l'histoire de l'art. -
Alan Turing est un mathématicien britannique, surtout connu pour le décryptage de la machine allemande Enigma pendant la guerre et pour son « jeu de l'imitation », un test visant à déterminer si les machines pensent. Condamné en 1952 à suivre un traitement hormonal en raison de son homosexualité, il sera retrouvé mort chez lui le 7 juin 1954.
En s'appuyant sur le parcours et les textes de Turing sans perdre de vue le contexte dans lequel il travaillait, cet essai profond et stimulant analyse la façon dont l'oeuvre de Turing mêle habilement binarité de genre et interactions entre humain·es et machines. Elsa Boyer sonde ainsi notre actualité numérique en faisant ressortir les enjeux liés aux corps, aux genres, aux données médicales, aux hiérarchies de travail et aux oppressions. -
Joséphine Baker, performeuse africaineaméricaine, est une figure complexe qui a produit un ensemble de significations raciales et genrées parfois contradictoires. En 1925, à 19 ans, elle défraie la chronique suite à ses performances érotico-comiques au sein de la Revue Nègre à Paris. Son arrivée en France coïncide avec l'apogée des mouvements Art déco et de la Vogue Nègre, alors que se poursuivent les ambitions coloniales de l'Europe vers l'Afrique. Comme cette modernité, Baker est noire, brillante, marchande, ultramédiatisée, prise entre les débats nationalistes sur l'identité et la préservation culturelle. Mais Baker incarne surtout l'émergence d'un empouvoirement féminin noir :
Elle en est la première manifestation, fascinante et populaire, du XXe siècle.
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Simone de Beauvoir dévorait la vie en en consommant les multiples possibles : la vitesse avec la voiture, la musique et la danse dans les caves germanopratines, l'ivresse grâce aux alcools forts et, enfin, le sexe avec ses passions et ses amitiés polyamoureuses. Quarante ans après la mort de Jean-Paul Sartre, elle est plus citée, lue et admirée que le philosophe de l'existentialisme. Ses écrits et ses engagements répondent à aux doutes, rages et désirs des jeuens générations.
Dans Beauvoir, Géraldine Gourbe aborde cette figure mythique du féminisme par le biais de différentes personnalités qui l'ont inspirée et qui permettent de (re)découvrir une autre Beauvoir : la journaliste anticonformiste dressant le portrait de Brigitte Bardot, l'éditrice de Violette Leduc, la militante anticolonialiste ayant défendu Djamila Boupacha, l'écrivaine amoureuse de Nelson Algren, la figure de proue féministe pour Françoise d'Eaubonne...
Cette approche originale et inédite replace ainsi Simone de Beauvoir dans la perspective des féminismes contemporains. Géraldine Gourbe est philosophe, critique et commissaire d'art, spécialiste de la scène artistique de la Californie du Sud, de l'histoire des pédagogies radicales et du féminisme inclusif. Elle a enseigné la philosophie de l'art à l'Ensad, l'université de Metz, Sciences Po Paris, aux Beaux-Arts de Marseille et d'Annecy.
Depuis 2015, elle oeuvre à une contre-lecture de l'histoire des idées et de l'art de la France de 1947 à 1989, en partenariat avec l'historienne de l'art Florence Ostende. En 2020, elle co-signe avec Hélène Guenin l'exposition She-Bam Pow POP Wizz ! Les amazones du POP au Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice.
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À la fin des contes, les princesses ne meurent pas. Tout au plus courent-elles quelques dangers en attendant que vienne les sauver un prince parfois en retard, mais conscient de ses devoirs de prince.
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Petite femme au regard malicieux cerné de lunettes carrées, Marguerite Duras était à la fois une créatrice exigeante, et une intellectuelle insolente et médiatique : une icône, assurément.
Marguerite Duras : ce nom fait apparaître ambassades et barrages en Asie, résonner les mélodies d'India Song ou sonner la punchline d'un article paru dans Libération pendant l'Affaire Grégory, « Sublime, forcément sublime Christine V. »...
Vingt ans après sa mort, elle reste l'une des auteures françaises les plus traduites à l'étranger. L'une des plus originales, aussi : en littérature comme au cinéma elle a transgressé systématiquement toutes les règles. À travers cet ouvrage court et percutant, Jean Cléder déchiffre les aspects essentiels de cette oeuvre, pour en saisir toute la force et l'actualité.
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Alors que tous les poètes de l'entre-deux-guerres utilisent le livre pour diffuser leurs écrits, Prévert le juge inapte par nature à conduire la révolution : lui écrit pour le cinéma.
Au texte imprimé, il préfère le fugitif, le fugace, le temporaire. Son oeuvre a ainsi longtemps été infixable avant la publication du recueil Paroles, pour laquelle il aura fallu récupérer des textes dispersés aux quatre coins de Paris, aux quatre coins des revues, aux quatre coins des amis...
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Qui est Andy Warhol ? Depuis quelques années, les découvertes des chercheurs qui ont plongé dans les archives de Warhol tendent à troubler l'image que les spécialistes comme le grand public se faisaient du « pape du pop ». Les enregistrements originaux de ses interviews les plus célèbres ou les matériaux préparatoires de ses oeuvres, recueillis dans des « time capsules », rappellent que, si l'art de Warhol n'est pas une satire du consumérisme, il ne relève pas non plus d'une adhésion amorale au capitalisme postmoderne. En mettant l'accent sur le queer chez Warhol et son opposition aux diktats genrés, cet essai biographique tente de montrer que l'oeuvre picturale, cinématographique et médiatique de Warhol reste à ce jour un modèle de résistance aux assignations identitaires et que, à sa façon cynique, elle appelle à la « vraie vie » que Michel Foucault défendait dans son dernier séminaire, Le gouvernement de soi et des autres.
Entre confessions personnelles et analyses fascinantes, le style parfois absurde et décalé d'Éric Loret nous embarque avec une efficacité redoutable dans l'incongruité de l'univers warholien, pour nous proposer un portrait personnel de cet artiste insaisissable et inclassable.
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C'est le portrait d'un homme qui ne dormait jamais puisqu'il consacrait ses jours et surtout ses nuits, toutes les nuits, à une oeuvre singulière. C'est aussi le récit d'un artiste, conscient très jeune de son destin, qui créera un projet musical et artistique sans équivalent, ni dans les musiques classiques ou savantes, ni dans l'histoire du rock.
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L'un des grands avantages de la pensée de Guy Debord est sa concision. Il a ramassé le fond de ses idées en douze mots : Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation. Un mantra qui, surtout si on le trouve juste, se conserve facilement. Cette phrase (la deuxième de La société du spectacle) est bien plus facile à comprendre de nos jours qu'en 1967. La politique-spectacle, l'omniprésence des écrans et des caméras de surveillance, l'addiction aux téléphones portables et la mise en scène de soi sur les réseaux sociaux, tout cela va dans le même sens : le règne des apparences, du look, du spectacle.
D'autres aspects de Debord, comme sa défense d'une langue française classique et sa détestation de la nourriture frelatée, le rendent tout aussi actuel. Outre une démonstration de la pertinence de la pensée de Guy Debord pour analyser le monde contemporain, cet essai biographique remet les idées du cinéaste et théoricien dans leur contexte, en soulignant les points communs avec diverses figures - attendues (Marx, Breton, Cravan) et non attendues (Hemingway, Léon Bloy, Sylvia Plath).
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Acteur populaire devenu réalisateur iconique, Chaplin a réussi à faire passer le cinéma de la technique à l'art. Du Kid (1921) au Dictateur (1940), ses films sont toujours porteurs, sous leurs dessous comiques, d'une grande force politique.
Souvent drôles voire franchement burlesques, ses personnages, notamment celui de Charlot, placent la précarité affective, financière et politique au coeur de chaque film.
Par des entrées aussi diverses que l'enfance, les foules, le décor ou le silence, l'artiste Rose Vidal tente de discerner les profondeurs derrière la surface de l'icône, la mélancolie dans son humour, elle analyse la place du corps dans son cinéma, la singularité intime de la figure universelle, et s'interroge sur l'héritage que nous a laissé cet artiste complet.
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Diego Maradona est l'exemple type du héros romanesque : parti d'un bidonville, il arrive au sommet, est adulé et côtoie des chefs d'État, avant d'être poursuivi par la justice et de mourir à soixante ans dans la solitude.
Philippe Vilain se propose d'argumenter une défense de Maradona, dont l'aura s'est construite sur une image paradoxale de footballeur talentueux mais peu éthique. Le joueur argentin ne semble apparaître comme un modèle que pour la classe populaire internationale (en témoigne le culte quasi religieux qui lui est encore voué, à Naples et en Argentine notamment) : Maradona fils du peuple est le héros d'une gauche révolutionnaire.
En (d)écrivant ses exploits les plus retentissants, Philippe Vilain nous raconte la geste de Maradona, véritable esthétique politique. -
« En course, on oublie la terre ferme et les soucis du monde. On s'installe dans une vie hors planète, avec des préoccupations qui échappent à la plupart des mortels. Je vis coupé de l'humanité », racontait Éric Tabarly.
En 1964, la France a pourtant les yeux rivés sur celui qui remporte, à bord du célèbre Pen Duick II, la Transat anglaise, contre toute attente. Le jeune Nantais de trente-quatre ans est bientôt hissé au rang de héros national, participant pleinement à redonner aux citoyens de son pays l'espoir d'un avenir meilleur après les meurtrissures de la guerre.
Tenace, opiniâtre, déterminé, Tabarly fut ainsi, pour toute la seconde moitié du XXe siècle, l'un des derniers porteurs de l'idéal de la résistance, au sens fort du terme. Une icône, sans aucun doute.
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Duchamp : une oeuvre proprement infixable.
Réseau infini de complexités, de pistes déroutantes, d'équations aux diverses inconnues. Les interprétations aux allures de discussions talmudiques égrenées depuis des décennies participent bien sûr de cette insaisissabilité. Mais pas seulement. Quoique hantant la modernité, Duchamp échappe à toute synthèse. Rien de surprenant. « Le grand artiste de demain passera à la clandestinité », avait-t-il prophétisé...
De Nu descendant un escalier (1913) à Étant Donnés : 1° la chute d'eau, 2° le gaz d'éclairage, installation découverte après sa mort en 1968, en passant par Fountain (1917), urinoir signé R. Mutt, et L.H.O.O.Q. (1919), Joconde moustachue, ce livre explore autant d'oeuvresicônes qui n'ont pas fini de nous échapper, ni de susciter l'inspiration.